22 mars 2006
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- Avant, chez cee, c'était la classe, paillettes et champagne, on interviewait des stars et du people. Maintenant, on fouille les fonds de tiroir, c'est rillettes et mousseux. Et bien sûr, c'est là qu'on fait appel à bibi. Mais j'le prends pas mal, non, non non non, et puis ça fait de la note à pas cher, faut reconnaitre.
- Tu as quel âge ?
- 31 ans, comme Benoit Magimel, Romain Duris, Sagamore Stévenin et Joaquin Phoenix. Vraiment, je ne sais pas ce qui a merdé.
- Tu vis seul ?
- Avec un enfant à mi-temps et une femme à quart-temps, on peut dire que je vis seul à 25%. Jusqu'aux genoux, quoi.
- Internet, drogue dure ?
- Voyons voir... J'ai posté quelques dizaines de milliers de messages sur deux ou trois forums (fora ?), j'ai fait une paire de sites, j'ai cinq ou six adresses mail (dont je me souvienne), autant de serveurs FTP, je joue en multijoueurs, j'ai un blog, et une partie de mon boulot consiste à surfer. Donc non, je suis tout à fait sain. Ah, excuse-moi, on m'appelle sur grosnibards.com.
- Ton blog ça a commencé quand ( comment ?) ?
- Une amie voulait se faire un blog et m'a demandé quelles étaient les meilleures plateformes (parce que dans une autre vie j'ai été ingénieur et que depuis les gens pensent que je suis super fortiche en technique)(qu'ils sont crédules)(surtout elle, je l'ai pas impressionné par ma technique pourtant)(bref passons). Pour regarder ce qui existait, il a bien fallu tester, et de fil en aiguille, on recoud une manche de pull et c'est quand même mieux, un pull avec deux manches.
- Rencontré des bloggers dans la vraie vie ?
- Une vingtaine, genre. Tous plus pourris les uns que les autres. Et laids, mon dieu. Et ces gens sentent, il faut que ça se sache. Sauf les filles, qui fleurent bon la cannelle et la pluie d'avril.
Je n'aime pas trop le côté virtuel, lorsqu'un blog me plait, je rencontre la personne, sinon je ne lis pas, c'est simple. J'ai envie de rencontrer des gens, pas de passer mes journées à lire des blogs, tout seul dans mon canapé. Si je veux lire, je prends un bouquin, c'est autrement mieux écrit et plus intéressant, quatre-vingt dix-neuf fois sur cent. - Des bonnes, des mauvaises surprises ?
- Peu de surprises en fait, des gens fidèles à ce qu'ils laissent deviner sur leurs blogs. Les rigolos sont gentiment depressifs, les depressifs sont assez rigolos, les grandes gueules n'ont que de la gueule, et les j'me-la-donne se la donnent grave en vrai. J'ai déjà parlé des filles qui fleurent bon la cannelle et la pluie d'avril ? Bah y'en a aussi. Et des fois une avec de beaux seins et des yeux qui brillent. Comme quoi. Faut jurer de rien.
- Existe t'il d'après toi des limites à l'exercice blog ?
- D'après moi, non, pour moi, oui. L'intérêt, à la base, était de rassembler en un seul endroit mes impressions sur des films/livres/disques/pratiques sexuelles/condiments plutôt que de faire des copier/coller sur les différents supports web que je fréquentais (non pas que mon avis soit d'un quelconque intérêt, hein). C'était purement pratique à l'origine. S'il y a quelques notes un poil plus personnelles sur mon blog, ce n'est qu'une déviance. Je n'attend pas de retour.
- Tu as des enfants ?
- Un, avec les cheveux blonds, les neurones intermittents et les oreilles décollées, bref tout un faisceau d'indices qui me permet de penser qu'il est vraiment de moi. C'est l'une des très rares choses personnelles que "j'expose" sur mon blog - tu sais comme les parents sont chiants, ils ne peuvent pas s'empêcher de parler de leur progéniture. Ca va tes gosses d'ailleurs ?
- Ils lisent ce que tu écris ?
- Il ne sait pas encore lire, enfin il commence à apprendre un peu, mais il trouve ça plus rigolo de décaloter son zgouaille sous une douche bien chaude. Je ne peux pas vraiment lui donner tort.
- Tu écris à côté ?
- Non, j'arrive à bien écrire sur la feuille et pas sur la table, si c'est la question.
Maintenant si la question est "y a-t-il un écrivain maudit en toi, et un jour le monde saura, et se prosternera devant la magnificence de ton style et la fulgurance de tes idées, et tu taperas sur l'épaule de Franz-Olivier Gizbert en reprenant un toast au hoummos, d'ailleurs tu as déjà écrit deux feuillets et demi complètement formidables sur ton adolescence torturée", non. - Tu lis beaucoup ?
- Non, parce que je lis lentement, et pas le soir - ça m'endort - ni le matin - je dors encore ; et en plus j'aime mieux prendre des douches bien chaudes. Disons, un bouquin par semaine en moyenne.
- La presse ?
- Non. Enfin, pas de journaux, les nouvelles du monde ne m'intéressent pas beaucoup. Dans mes chiottes - qui sont un des cabinets de lecture les plus prisés du dixième arrondissement, je tiens à le signaler - il y a Voici, Les Cahiers du foot, Diapason, Le Monde 2, Elle à table et un Inrocks. Je ne sais pas si ça fait de moi un beauf ou un bobo, sans doute un bobof. Avec Hot Vidéo en plus, je serais même peut-être un bonobof.
- Tu regardes la télé ?
- "Mais pourquoi tu regardes toujours la radio sur la télé ?", m'a demandé l'autre jour mon fils, ce qui m'a laissé assez perplexe. A part la radio, donc, oui, ça m'arrive de comater devant le foot, ou devant quelques programmes comme Le Cercle ou Groland sur Canal, des films parfois, des conneries comme Monsieur Manatane ou The Office, ce genre de choses. Et la console. Et grâce à la freebox je n'ai ni TF1 ni M6. Comme ils disent, bénie soit la freebox.
- Ton bouquin pour l'ile déserte ?
- (Vite trouver une blague)(vite)(argh)(ça vient pas)(chierie)(bon alors un vrai bouquin)
Euh, voyons...
Un Balzac, tiens, mettons Splendeur et Misère des courtisanes.
En général ça provoque des hurlements et des crises d'acnée quand je dis ça, mais j'adore Balzac. - Ton film ?
- Fichtre... Quand j'étais petit, c'était Rio Bravo. Aujourd'hui, je sais pas, alors je vais citer le dernier chef-d'oeuvre que j'ai vu, Le nouveau monde de Terrence Malick.
- Ton disque ?
- Le Requiem de Mozart, version Karl Böhm, parce qu'on n'a jamais rien écrit d'aussi beau, quand même.
- Ta bande-originale ?
- Celle du Nightmare before Christmas, s'il faut n'en citer qu'une.
- La politique, concerné ?
- Pas assez pour m'engager, mais oui, quand même. Petit, j'aimais bien Rocard, il m'amusait et en même temps il avait l'air intelligent. Je n'ai pas tellement changé d'avis. Je n'aime pas les solutions toutes faites, je n'aime pas le chantage affectif électoral, je n'aime pas qu'on parle aux gens comme s'ils étaient abrutis, cela laisse peu de possibilités.
- Tu vas voter en 07 ?
- Si je m'inscris (je dis ça tous les ans) et si je trouve un candidat (je dis ça tous les ans). Je n'ai pas voté en 2002, j'étais aux Etats-Unis (et se faire traiter de nazi par des texans, j'te jure que ça pique le cul), mais je n'aurais pas voté Jospin au premier tour ("mon programme ne sera pas socialiste", connard), et je n'ai pas aimé me faire traiter de saloupiot-ayant-favorisé-Le-Pen par la suite.
- Une opinion sur le ramdam CPE ?
- Dans mon collège en Champagne Pouilleuse, le CPE était un petit gros quinqua qui roulait en Fiat 500. Pendant les récréations, il se postait au milieu de la cour, et tournait sur lui-même, très lentement, comme un gyrophare fatigué, pour scruter ses ouailles. Ca existe encore, les conseillers principaux d'éducation ?
Et le ramdam, moi je suis pour, parce qu'à la nuit tombée ça fait des sacrées fiestas, et que même si j'abhorre les religions, il faut être compréhensif, à ce qu'il parait. - Qu'est ce qui te ferais descendre dans la rue ?
- Une manif où seraient proscrits les slogans ringards, les instruments de bandasse et les merguez à la viande d'âne.
- Une proposition de loi ( tous domaines confondus ) ?
- Ce dont la France a besoin : une loi interdisant les cravates à motifs Disney.
- Des tabous dans l'écriture ?
- Je n'en parle pas, c'est tabou, ah ah.
- Qu'est ce que l'impudeur ?
- Etre en représentation dans la vraie vie.
- Déjà rencontré des ennemis virtuels ?
- Des inimitiés solides, oui.
- D'ailleurs, existe t'il une violence virtuelle ?
- Sans doute, mais j'ai la chance d'être né garçon, donc je ne la subis pratiquement pas.
- Un blogger célèbre ( que je ne citerai pas meme sous la torture) dit de toi que s'il y avait une médaille d'or du commentaire, elle serait pour toi, tu en dis quoi ?
- Que tu finiras par parler sous les chatouillis ou le Pouilly. Que j'aime pas bien me faire traiter de sous-Baffie nerd. Que j'en suis peut-être encore au rôle du collégien malingre qui essaie de faire marrer les grands balèzes pour ne pas se faire péter les genoux. Que femme qui rit, bah femme qui rit, et c'est tout.
- Est ce que le fait d'être parfois très cru et rentre-dedans ne fait pas de toi un affreux machiste ?
- Non, c'est un jeu de rôle avant tout, boultan c'est un personnage, ce n'est que rarement moi et mes amis, les vrais, savent en général ce que j'y mets de personnel. Après, appeler une chatte une chatte, c'est une question d'éducation, et quand cela ne fera plus rire personne, je crois qu'on aura un peu avancé.
(Et je ne vois pas ce qu'il y a de machiste là-dedans, je connais plein de filles qui parlent de leur chatte)
(Et je pense que me qualifier de "rentre-dedans" en fera rire plus d'une) - Jusqu'où s'arrête l'humour ?
- Elle est joliment mal tournée cette question. Où s'arrête l'humour, jusqu'où peut-on aller, a priori il n'y a pas de limites, tant que le but est de faire rire et pas de faire le malin.
- Ta définition, justement, de l'humour ?
- L'humour, c'est un défi à la mort, Bergson explique ça très bien dans Le Rire, on ne rit que de ce qui est inhumain, non naturel, mécanique, tout ce qui est lié ou mène à la mort quoi.
- Qu'est ce qui te fait rire, dans la vie ?
- La maladresse, l'incompréhension, le décalage. Mes premiers souvenirs comiques, c'était Buster Keaton et Pierre Richard.
- Tu sais combien de personnes lisent régulièrement ton blog ?
- Attends, je regarde les stats... entre 200 et 300 personnes par jour. La France va mal, j'te l'dit.
- Et toi, tu sais combien de blogs tu lis environ par jour ?
- J'en suis une vingtaine de manière assez régulière, disons une fois par semaine grosso modo. Mais il y a beaucoup de gen(re)s qui m'indiffèrent profondément. Or, quand on retire les dépressifs complaisants, les pauvres-petites-filles-riches, les haineux et les guette-au-trou, il ne reste plus grand monde.
- Si tu ne devais en garder qu'un ?
- Par pure charité chrétienne, celui de ludomatic, parce que c'est pas facile pour lui, avec ses problèmes physiques, tout ça.
- Ta dernière colère ?
- Un train loupé - t'as qu'à voir si j'ai des gros problèmes dans la vie.
- Ta dernière utopie ?
- Il n'arrivera que du bonheur à mon fils.
- La question que je ne t'ai pas posée à laquelle tu aurais voulu répondre ?
- "Est-ce que ça n'est pas gênant pour marcher, quand même ?"
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