9 janvier 2007
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- (les flammes crépitent dans la cheminée)
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- - Tu vois, moi ma méthode, c'est pas les grandes envolées comme toi, pour ça il me manque au moins vingt centimètres. Non, moi mon truc, c'est les phrases simples, qui claquent comme des slogans. Des trucs que la ménagère de moins de cinquante ans retient entre deux pubs de détergent. Le nettoyage, d'ailleurs, c'est le coeur de mon champ lexical. Faut pas l'embrouiller, l'électeur. C'est fini le temps des présidents littéraires. Aujourd'hui, ce qui marche, c'est la rhétorique de guichetier, le bon sens près de chez vous. Ah la la, "trois millions d'immigrés, trois millions de chômeurs", j'aurais rêvé de trouver ça.
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- - Et merci qui ? Merci bibi ! Mes communicants ont eu beau rincer Duhamel des années durant pour me tailler une réputation de type "sympatoche comme tout en vrai" et "pas si demeuré que ça", sorti des makomoulages bamboulas et des poèmes niakwés de deux lignes, ma culture, elle fait pschitt, ah ah ah. Alors passer derrière, c'est du velours, personne n'attend plus autre chose que des chiffres de croissance pipotés et des promesses vaseuses. Tu peux même te faire passer pour un type de gauche ! Enfin, pas toi hein, mais n'importe qui d'autre pourrait. Des veaux, j'te dis. Quand je passe ma vie au salon de l'Agriculture, c'est pas pour tripoter du cul de brebis, c'est pour sonder l'électorat ! Alors tu pense bien qu'ils n'attendent qu'une chose, c'est que tu résolves le chômage, l'insécurité, le logement et patin-coufin en trois phrases sujet-verbe-complément et basta.
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- (un ange passe, les glaçons s'entrechoquent mollement dans les verres)
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- - Honnêtement, ça m'arrange : tu sais que j'ai redoublé ma sixième avant qu'on me place dans le privé, et que j'ai même pas été foutu de sortir de Sciences-Po avec un diplôme. Et depuis, en guise de distinctions, on m'a collé le prix Iznogoud 1999 (après la brillante campagne européennes) et le prix Orwell 2005 "pour l'ensemble de mon oeuvre".
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- (rires)
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- - Ah ça, je reconnais, t'arrive à susciter une hostilité naturelle que même Juppé, à son plus bas, c'était le fils caché de Zidane et de Mère Térésa en comparaison. Je sais pas, c'est ta gueule sans doute, tes gros yeux creusés et fatigués qu'on dirait que t'as passé la nuit à sucer des tonfas, ton pif et tes oreilles de prince Bourbon, ta voix douceureuse de fermier posant la poule sur le billot, je sais pas, c'est un tout je crois. T'es remarquablement homogène en fait. Tu te rappelles les dessins animés "Il était une fois" ? Les deux bonhommes méchants tout plein, un grand costaud un peu couillon et un petit vicieux à grandes oreilles ? J'ai tout racheté en DVD, on se poile avec Bernie chaque fois qu'on les voit, on les appelle Charles et Nicolas ! Qu'est-ce que t'avais dit déjà de Pasqua ?
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- - "Tout le monde sait que je suis son double". Bah quoi, c'est Fernandel qu'a les dossiers sur tout le monde, alors quitte à pomper, autant pomper utile. N'empêche, j'ai loupé le coche quand ma femme s'est barré, j'aurais dû jouer au pauvre cocu sympa abandonné par une ambitieuse. Partie avec un pubard en plus. Mais non, y'a fallu que j'aille la rechoper par le colbac, quand je pense que je l'ai moi-même marié à Jacques Martin avant qu'elle le quitte pour moi. Cocu par l'ex de Jacques Martin...
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- - Ca va, t'as fait pire hein. C'est quand même toi qu'était conseiller en communication du gouvernement à l'époque de Tchernobyl. J'te vois d'ici, grimpé sur le ballon d'Alsace, à faire du vent avec tes p'tits bras gourds pour empêcher le nuage radioactif d'entrer en France sans papier !
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- (souvenirs)
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- - Jacques ?
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- - Oui Nicolas ?
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- - Pourquoi tu fais de la politique ?
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- - C'te question, parce que j'ai une bonne trogne tiens ! Et toi ?
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- - Parce que j'ai une sale gueule.
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(Shivaree - Daring lousy guy)
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